Yapuka
Par où ça commence déjà ?
L’injustice ? Les inégalités ? Le coton confortable des milliers de petites choses qui lubrifient ma conscience bourgeoise ? La conscience de ma conscience bourgeoise ? Je suis qui pour vouloir défendre les petites gens ?
Se prendre en pleine face des détresses sociales, condescendant jusqu’à la rencontre. Fantasmer la vie des autres, jusqu’à la dé-couvrir vraiment. Dans leurs intelligences, leurs partis pris, leurs réalités quotidiennes. Finir enfin par se rendre compte que la camerounaise, le kabyle ou l’indienne vivent des vies qui m’échappent, et que je ne suis que témoin de ce qu’illes peuvent m’en dire.
J’ai voulu défendre dans mon éthique militante des opprimé.e.s qui le sont presque autant par les réalités politiques que je combats, que par mes visions victimistes et mon socle culturel de dominant. Privilégié. Extérieur."Objectif". Ou plutôt objectifiant : ils deviennent objet de ma lutte en niant le sujet, l’individu pétri.e de collectif, la personne dans toute son accumulation de construits sociaux culturels politiques émotionnels.
J’suis qui ?
L’écologie c’est important. Le monde va droit dans le mur, c’est la faute au Kapitalisme avec un grand K. Nos idéaux nous portent vers un monde meilleur, solidaire, proche de la Nature et proche des gentes. Les Etats-Unis avec leur étendard éclatant en carton-pâte, ils polluent c’est des méchants. La Chine avec leurs grosses usines c’est des méchants ils polluent. L’Inde, avec leurs cimetières de bateaux et leur Révolution Verte ils polluent. Le Brésil avec la déforestation ils polluent. Le 8ème continent, c’est pas des gens mais ils polluent. Google Facebook Microsoft Amazon, avec leurs gros data centers ils polluent. Total BP ExxonMobil, ils cherchent du pétrole ils polluent. Areva et EDF, avec leurs EPR foireux ils polluent. Macron, ce conflit d’intérêts sur pattes égocentrique néolibéral antisocial il pollue.
J’suis qui j’fais quoi ?
Il aura fallu du voyage, il aura fallu du stop, du hasard qui fait un peu trop bien les choses, pour relativiser. Il aura fallu des rencontres, des échecs, des victoires. Il aura fallu du temps écouté contemplé ressenti. Il aura fallu de la colère pour avancer, de la tristesse pour me pardonner de pas être à la hauteur, du sourire à donner. Il aura fallu des réalisations minuscules, et des prises de conscience évidentes. Il aura fallu désescalader des sommets pour comprendre que je chiais dans de l’eau potable. Il aura fallu démanteler des pyramides pour voir que ma grande gueule pouvait être une violence en soi. Il aura fallu désenchanter des contes pour apprendre qu’on n’est pas grand-chose de plus que les petites histoires qu’on se raconte.
Qu’il nous reste à faire, au mieux et pour le mieux que l’on vise. Qu’on se doit de se battre à tous les niveaux en même temps pour tenter de construire un avenir désirable quand les grands mythes progressistes ont chû. Que trouver de l’harmonie entre le cortex les hormones et les mains, ça répond déjà à beaucoup de nos angoisses. Qu’on a aucune leçon à donner, parce qu’on sait jamais tout à fait. Qu’on sauvera personne mais qu’on peut offrir. Que nos peurs ne sont que l’attente, la sécurité latente de leurs objets. Que la tristesse n’est que la beauté de nos guérisons. Que c’est nos colères qui nous font bouger les lignes. Que c’est de sourire qui rend heureux. Que la mort est en nous à chaque instant, dans nos cellules et les bactéries qui nous composent. Que la vie c’est la mort recommencée. Qu’on n’a au fond que le vide à chérir.
Alors yapuka.